L’approche centrée sur la personne de Carl Rogers
Une communication de Claire de Cambourg psychothérapeute lors de notre réunion d’adhérents du 15 janvier 2020
Je tiens à remercier mon ami P… de me donner l’occasion de faire connaitre Carl Rogers et L’approche centrée sur la personne. Pour moi Carl Rogers est comme un ami, qui m’accompagne et me guide.
Je souhaite me présenter avant tout. Et dire comment j’ai rencontré Carl Rogers.
J’ai 38 ans, j’habite à Allevard, mais ai vécu 20 ans à Grenoble. Je fais de l’accompagnement thérapeutique. Auparavant j’ai travaillé à la MC2 pendant 13 ans. J’étais responsable de l’accueil des artistes et cette appétence pour la relation à l’autre m’habite depuis longtemps. Il y a donc un lien entre mon travail d’accueil des artistes et l’accompagnement thérapeutique car il s’agit de permettre à l’autre de se trouver et de donner le meilleur de lui-même.
Carl Rogers est né à Chicago en 1902. Décédé en 1987. Sa propre histoire a influencé sa pensée. Il a eu une enfance austère, dans une famille Evangéliste. Cette soumission à la hiérarchie lui était difficile à vivre. Il était solitaire et studieux, avec une grande capacité de concentration et de découverte. De santé fragile, il était grand lecteur.
A l’âge de 12 ans, sa famille déménage à la campagne, pour s’éloigner des tentations et déviances urbaines. Il va observer longuement la nature et constater que quelles que soient les conditions, il y a quelque chose de la vie qui pousse et qui ne demande qu’à croître. Allégorie de la transformation de la chenille en papillon, comme point de référence du processus thérapeutique.
Si on délivre les ailes d’un papillon en train de naître, il ne pourra peut-être pas voler. On ne doit pas faire les choses à la place de l’autre, même en étant compatissant. La compassion aide à défaire les chaines (fils) mais ne donne pas la force. La relation d’aide nécessite de laisser l’autre faire ses choix, on est juste là pour croire en lui et l’accompagner, sans se substituer à lui dans ses choix.
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Lu à haute voix un texte sur l’écoute de l’autre :
« Peux-tu simplement écouter ? »
Quand je te demande de m’écouter
et que tu commences à me donner des conseils,
tu n’as pas fait ce que je te demandais.
Quand je te demande de m’écouter
et que tu commences à me dire
pourquoi je ne devrais pas ressentir cela,
tu bafoues mes sentiments.
Quand je te demande de m’écouter
et que tu sens que tu dois faire quelque chose pour résoudre mon problème
tu m’as fait défaut, aussi étrange que cela puisse paraître.
Écoute, tout ce que je demande,
c’est que tu m’écoutes.
Non pas que tu parles ou que tu fasses quelque chose,
je te demande uniquement de m’écouter.
Les conseils sont bon marché,
pour 6 francs, j’aurai dans le même journal,
le courrier du cœur et l’horoscope.
Je veux agir par moi-même, je ne suis pas impuissant,
peut-être un peu découragé ou hésitant,
mais pas impotent.
Quand tu fais quelque chose pour moi,
que je peux et ai besoin de faire moi-même,
tu contribues à ma peur,
tu accentues mon inadéquation.
Mais quand tu acceptes comme un simple fait
que je ressens ce que je ressens (peu importe la rationalité)
je peux arrêter de te convaincre,
et je peux essayer de commencer à comprendre
ce qu’il y a derrière ces sentiments irrationnels.
Alors, s’il te plait,
Écoute et entends-moi.
Et si tu veux parler,
attends juste un instant
et je t’écouterai.
(auteur indien anonyme)
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Carl Rogers observe dans la nature que lorsque les conditions sont réunies, l’arbre pousse bien. Mais qu’il pousse aussi quand les conditions de croissance sont plus difficiles.
Il a continué ses études dans l’agronomie. Il avait un esprit très scientifique. Il rencontre un professeur qui l’a initié au travail de groupe auto-géré. Il prend conscience de l’importance du groupe pour le développement personnel. Il a une grande ferveur chrétienne et s’intéresse à la philosophie.
Dans les années 20-30, il fait un séjour de 6 mois en Chine avec des étudiants. C’est un tournant crucial car il découvre une autre culture. Il réalise que des personnes peuvent avoir des conceptions totalement différentes du vivant et du psychisme. Découverte d’un monde interculturel. Sa pensée est fabriquée de ses différents vécus.
Ayant des problèmes de santé, il décide de suivre par correspondance des cours de psychologie. Il prend conscience de la valeur fondamentale de l’intuition pour guider sa vie. Il se marie et déménage à New York. Il continue ses études scientifiques et sa formation en psychologie.
Il obtient en 1939 un poste sur la protection de l’enfance pour l’accueil de jeunes délinquants. Il est influencé par les courants behavioriste et comportementaliste de cette époque. Mais les résultats ne sont pas au rendez-vous et pas durables. Il cherche à développer une nouvelle méthode en étant davantage à l’écoute de l’autre. Il cherche à forger une théorie à partir de ses expériences cliniques quotidiennes (mouvement inverse de la méthode de Freud).
Ce qui fait thérapie, c’est la qualité de la relation (le climat favorable) entre le patient et le thérapeute, et non pas la théorie, l’interprétation du thérapeute. Qu’est ce qui peut rendre la relation thérapeutique favorable ?
Les 6 conditions dont 3 attitudes nécessaires et suffisantes dans la théorie de la thérapie. Carl Rogers dit que si :
- 2 personnes sont en contact, même à distance (skype, tel).
- Une des deux est en état de vulnérabilité, en demande d’aide. Si la personne a conscience de sa vulnérabilité, le processus thérapeutique s’amorcera plus facilement. Si une personne ne réalise pas qu’elle ne va pas bien, le processus aura moins de chance de s’activer.
- La deuxième personne que l’on nommera le thérapeute est lui dans un état d’accord interne au moins pendant le temps de l’entretien. C’est ce que l’on appelle la congruence (attitude n°1).
- Il porte un regard positif inconditionnel, sans jugement ; une considération pour l’autre tel qu’il est (attitude n°2).
- Il a une compréhension empathique, il est capable de voir de la même manière que la personne voit les autres et le monde (attitude n°3).
- Et il faut que la personne ressente à minima ces deux attitudes.
Alors il y a de fortes chances que l’on constate un processus thérapeutique se mettre à l’œuvre et conduise ainsi la personne à modifier sa personnalité et ses comportements pour être davantage en accord avec lui même et les autres.
La notion de paradoxe (comme d’ambivalence) traverse la psychologie de Carl Rogers. La vie est mouvement, rien n’est jamais figé. C’est particulièrement vrai au niveau émotionnel. Il est convaincu qu’il faut se laisser guider par ce qui nous appelle.
Albert Camus « Ne marche pas devant moi, je ne te suivrai peut-être pas. Ne marche pas derrière moi, je ne te guiderai peut-être pas. Marche à côté de moi et sois simplement mon amie. »
Albert Camus « Je ne parlerai que de ce que j’ai pu éprouver »
Nécessité d’avancer au rythme de la personne, ‘épaule contre épaule’.
Approche centrée sur la personne : vision positive de l’être humain, qui pour Carl Rogers est un être social, bon et positif et tendance actualisante (capacité à croitre quelles que soient ses expériences).
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Texte de 6MM « Une fantaisie »
lu par Patrick (dans le rôle de Marc) et Claire (dans le rôle de Chantal)
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Bibliographie conseillée : Livre « Carl Rogers. Être vraiment soi-même » de Geneviève Odier
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Au cours de la séance, Claire a porté le Roger Pen et un micro adapté aux prothèses de Laurence, plusieurs adhérents ayant mis un des colliers de la section autour de leur cou. Les micros ont circulé pour les questions : ainsi chacun écoute l’autre tout à tour.
Nous avons terminé la réunion autour d’une galette et brioche des rois et de quelques bouteilles (cidre, clairette et jus de fruits).
Texte Marie-Agnès et Michel – Photos Jean-Louis et Michel